King Gizzard and The Lizard Wizard – Paper Mâché Dream Balloon

Les titres à écouter en premier sont les 8 premiers. Dans l'ordre et strictement.

Après un “I’m in your mind fuzz” diabolique, notre groupe imprononçable favori revient. Et prend le contrepied. Un album court de 12 titres. Matraquage enchaîné de douceurs campagnardes.

“Sense”, musique d’ascenseur d’un club de gentlemen. 1er étage, la porte s’ouvre et nous prenons place. Délectation subtile d’un nectar aromatique. 20 ans d’âge. Du rhum. Discussions éparses et ponctuation de rires. Un autre temps. L’insouciance. Un club de jazz.

“Bone”. Le rythme sagace reprend. Des airs de folk entraînante, une douceur de vivre enveloppée d’un voile de conte d’enfants. L’insouciance juvénile. Flûte et rythmique scout. Réconfortant.

“Dirt” surprend par sa douceur. Un titre sale pour un son propre. L’harmonica fredonne. Les insectes s’évertuent à conquérir ce parc verdoyant de bonheur. C’est le printemps. Il fait beau. Une série de titres courts pour une ouverture en fanfare.

“Paper Maché Dream Balloon” fait revivre ces moments d’enfance où tout est possible. Essayer, reprendre, laisser. Tomber, se relever. Et terminer. Un dessin, un mot, un son. L’insouciance poétique.

“Trapdoor” sème une inquiétude soudaine. Le piège se referme. La flûte répète inlassablement la même rengaine hésitante. Une bafouille mélodique. La voix adoucit le propos que la batterie martèle.

“Cold Cadaver” est étonnamment gaie. En surface. Gong tibétain. Un marteau piqueur gribouille des roulements de batterie. Une basse sautillante se promène dans ce paysage dévasté. Une idée du surréalisme.

Amis du rock’n’roll, voici un bon Boogie comme on n’en fait plus. Des pleins et des déliés, efficace. Un shuffle bien huilé qui se termine en point d’orgue. “Bitter”. Un nouveau départ à 2’15 qui boucle avec entêtement.

“NGRI”. L’harmonica fanfaronne. Le claviériste bloque sur une note. Le comique de répétition. Un son de sitar exotique. Une idée du n’importe quoi plaisant.

“Time = fate” commence par une descente harmonique. La voix se fait voilée, là derrière le muret du jardin communal. Puis cette petite guitare-rengaine remonte, une volonté bon-enfant gaie. Mais pas un titre central.

“Time = $$$”. Pourquoi cette suite ? Un jeu de ponctuation rythmique très Beatles. Mais est-ce ce que nous voulons à ce moment ? Etonnez-nous, comme vous le faisiez si bien jusqu’alors. Un brin désuet.

“Most of what I like” déçoit, sur le même registre qui devient une recette. Faire du pas neuf avec du vieux, faire d’une répétition une nouveauté, user d’un comique de tourne-en-rond.

“Paper Mâché” clôture. Mon seul attachement personnel reste la bande inversée des 1’50. Ultime recul sur cet album dont les 4 derniers titres lassent. Explosion. Tour de passe-passe.

Je me serai arrêté à 8. 8 titres. Les 8 premiers, dans l’ordre. Le Graal était atteint. Je me contente de 4 étoiles, saluant la diversité en regard du précédent album. Une simplicité toujours de façade qui masque un travail de fourmi. Recherche, composition et son. Une mêlée de chansons béates qui plaira à nos amis les elfes. Je préfère la mouture Belzébuth.
Souriez.