The Byrds – Sweetheart Of The Rodeo

Les perles à découvrir en priorité : You Ain’t Goin’ Nowhere, You Don't Miss Your Water, One Hundred Years From Now et Nothing Was Delivered.

Dans les années 60, The Byrds comptent parmi les grands de la famille du Rock.

Les Américains ont sorti des disques monumentaux, embrassant aussi bien la Folk, la Pop music et le courant psychédélique en vogue à la fin des années 60. Surfant sur un succès commercial total, les Byrds première mouture se fissurent une première fois avec le départ de David Crosby qui suit celui de Gene Clark et du batteur Michael Clark. Restent Roger McGuinn qui prend alors les rênes du groupe aux côtés de Chris Hillman. Fin d’une époque…

McGuinn opère alors un virage artistique risqué en sortant ce « Sweetheart of the Rodeo » résolument Country rock.

Les fans de la première heure honnissent le disque tout comme les fans de Dylan l’avaient conspué d’avoir viré électrique au détriment de son répertoire folk acoustique. Ce nouvel album de The Byrds (mark II) est un naufrage commercial de part et d’autre de l’Atlantique. Pourtant c’est un pur joyau de country. Scellé dans un écrin élégant, racé, jamais balourd comme cette musique sait souvent l’être. Jouée par des musiciens ayant expérimenté d’autres genres musicaux.

Et puis il y a l’arrivée de Gram Parsons au sein des Byrds…

Encore méconnu, il s’illustrera en accouchant de deux compositions sur ce disque qui ne compte que des reprises de grands noms de la musique traditionnelle américaine (Bob Dylan, Woody Guthrie, Louvin Brothers, William Bell, Merle Haggard…). Parsons claquera la porte des Byrds quelque mois plus tard et se rapprochera de Keith Richards sur lequel il aura une influence importante lors des sessions de « Exile on Main Street » en France. Il succombera à une overdose à 26 ans après quelques parutions solos et deux disques sous le nom des Flying Burrito Brothers qui valent une écoute attentive.

On entre dans le bain country avec la superbe You Ain’t Goin’ Nowhere (écrite par Bob Dylan pour cet album) aux harmonies pastorales traversées d’enluminures pedal steel du plus bel effet. L’écoute de I Am A Pilgrim nous transporte à bord du Mayflower quelques siècles en arrière. Chant drapé dans un écrin mélancolique, violons et banjo dodelinant dans la prairie des grands espaces américains, le sel de la vie mêlé ici aux sédiments d’une vie rugueuse et authentique.

The Christian Life explore les entrailles de la country américaine. Suit la poignante You Don’t Miss Your Water qui fout un bourdon pas possible. Les larmes perlent à n’en plus finir sur l’ossature de cette ballade au spleen viscéral. Chant de crooner sur You’re Still On My Mind. Nashville dans le périscope. Piano saloon dans un bouge rudimentaire. Le cœur de l’Amérique étalé sur le macadam brûlant du Tennessee. Pretty Boy Floyd double la mise avec son banjo guilleret. “O’Brother spirit”. Bonnie & Clyde braquent les banques. Les Stetsons saluent, les santiags claquent, les Winchesters pointent vers le ciel, c’est l’Amérique profonde qui danse son jerk. Procession religieuse et langoureuse : Hickory Wind de Gram Parsons lévite tel un Albatros dans l’immensité d’un ciel bourbon caramel.

L’autre composition de Parsons, One Hundred Years From Now, atteint un sommet du genre country qui se rappellera au bon souvenir de Crosby, Stills, Nash & Young. Une merveille de chanson portée par un chant aux harmonies délicates et aériennes. Blue Canadian Rockies et Life in Prison tracent leur sillon dans le pur jus traditionnel country. Une sensibilité plus anecdotique lorsqu’elle se heure au sublime Nothing Was Delivered qui a dû forcément influencer un groupe comme The Band. Entrelacement d’harmonies vocales splendides, alternance couplets country et refrains pop ensoleillés. Une chanson magnifique qui clôt un disque sensationnel.

Les bonus et autres chansons écartées du disque valent aussi le détour à l’image du reptilien You’ve Got a Reputation, de l’hypnotique Pretty Polly et du blues country Lazy Days au rythme enlevé par un riff pur jus rock and roll à la Chuck Berry.

Si vous vouliez découvrir ou vous réconcilier avec la country dont vous n’aviez l’image que celle d’une musique de rednecks beaufs à la Big Lebowsky, ce disque est LE disque country.

Un chef d’œuvre devenu culte.