The Mystery Lights – The Mystery Lights

Les pépites : Follow me home, What happens when you turn the Devil down, too Many girls, Flowers in my head demons in my Head

Totalement vintage. Totalement retro. Totalement garage. Voilà le son qui caractérise ce deuxième album des Californiens. Avec une production sixties à l’ancienne, le tout enregistrée sur un 8 pistes à bandes.

Adeptes des seuls sons policés et lustrés, passez votre chemin. The Mystery Lights est une alchimie de garage rock tantôt psychédélique (et maléfique) tantôt pop. Les guitares sont crasses. La basse frise à chaque note. Le timbre rocailleux et écorché de Mike Brandon nous ramène entre 1965 et 1967. Mais les inconditionnels de Ty Segall et amateurs de Night Beats et Thee Oh See apprécieront certainement l’ouvrage. Des effets drone traversent le disque taillé dans un écrin des plus rugueux. Une production à l’ancienne qui fait saliver. Le premier titre sobrement nommé Intro donne une idée de ce qui va suivre : un condensé de ce qui se fait de mieux en matière de garage rock vintage. Où les guitares, l’orgue, la basse et la batterie tiennent le propos. Pas de fioritures. L’essentiel est ici. La maturité artistique du groupe est démontrée d’office avec ce Too Tough To Bear qui transpire à grosses gouttes du Cream et Blind Faith.

On ne peut qu’apprécier le blues psyché de Without Me. Dans la chaleur moite les guitares carillonnent salement. Effets tremolo/vibrato. Piqués de guitares qui voltigent comme des banderilles couvertes de souffre et de rouille. Inévitablement on se rappelle au bon souvenir de Cream, Jefferson Airplane… On s’éclate sur l’intro enjouée de Follow Me Home. Chœurs virils. Riff recyclant “He’s Always There” des Yardbirds. Une bande de mercenaires part à l’assaut du bar. Nouveau Western. L’orgue Farsifa distille son poison. Gimmicks accrocheurs. Le karma est vicieux. Typiquement le son et le rock que les Kings of Leon ont abandonné très (trop) rapidement. Dans ce joyeux barnum les influences du 13th Floor Elevator cotoient les rejetons des Black Angels et Black Lips. Mauvais karma ? Ce n’est pas la danse du diable de Flowers In My Head, Demons In My Head qui fera mentir le propos. Les guitares se consument sur un tempo lascif. Les effets employés sont un must. Avec un final chamanique qui évoque mille influences fabuleuses. Celles évoquées plus haut mais également le son et l’esprit barge du premier Pink Floyd avec “The Piper At The Gates Of Dawn”.

Quand leur garage délaisse la magie noire, les Mistery Lights savent y faire en matière de chansons garage pop bien troussées. Too Many Girls : rythmique sautillante et chœurs de voyous. Dans le genre “Louie Louie” des Kingsmen, dans le genre The Troggs, The Sonics et The Standells. Ces américains auraient décidément été de parfaits hussards sur les compilations “Nuggets” de l’époque. 21 Counting est du même acabit. Un rodeo acid garage où la fuzz rondelette des guitares mène la danse. Before My Own cogne avec détermination. Du garage blues. Les essieux rouillés de la machine ne lâchent jamais prise. Le groupe se lance comme une locomotive incontrôlable dans la nasse. Du rockabilly sous acides. De rockabilly détraqué il en est aussi question sur Melt. Une chanson garage punk pour pogos virils. Du Ramones sous amphets. Un cri de ralliement. Le gang est en guerre. Garage vitriol. Même fulgurance sur le final de Candlelight mais qui lasse. La difficulté du genre garage rock à l’ancienne est de se répéter et d’user toutes les ficelles après une poignée de quelques titres. Et donc de fatiguer l’oreille… Mais… Mais…

Mais les américains ont un paquet de bons titres pour eux leur permettant de livrer un album solide à l’image de cette pépite qu’est What Happens When You Turn The Devil Down où explosion garage blues flirtent avec une certaine sensualité soul. Mike Brandon est un vrai chanteur. Un putain de timbre. Une réelle sensibilité. Le tout mené tambour battant sous un ciel rock psyché bas et lourd lézardé d’attaques de guitare absolument stupéfiantes. Un riff sinusoïdal follement addictif. Une vraie science des pédales d’effets. Et toujours cette fascination pour Lucifer dans les textes et les ambiances maléfiques qui arpentent le disque de long en large.

Et pour ne rien gâcher le groupe est fantastique à voir jouer en concert.