The Wytches – Annabel Dream Reader

Les trois titres incontournables : Digsaw, Gravedweller, Weights and Ties.

The Wytches sont originaires de Brighton, Angleterre. N’oubliez pas le “y” spécialement changé pour être plus facilement repérable dans les moteurs de recherche. L’ère 2.0 de la musique. Dans le nom. Car les influences des quatre compères sont plus analogiques : Jack White, Arctic Monkeys, Nirvana, Smashing Pumpkins, rockabilly et surf music. Bref. Un premier album aux sonorités plaisantes, agressives, lourdes. Certains parlent de “surf doom”. Excessif, peut-être. Pas n’importe qui quand on sait de Kristian Bell (chanteur-guitariste du groupe) a collaboré avec Bill Ryder-Jones des Coral. On vous aura prévenu, ouvrez vos écoutilles.

Larsen. Sticks. “Digsaw”. Effets de reverb/delay. Un bon vieux Nirvana époque Bleach. Efficace. La voix est hantée dans un far-west musical. Le refrain pourrait être synonyme de bruit mais il nous reste une mélodie orientale pour nous raccrocher à une branche cassante de chose connue. Kristian Bell s’époumone. Un brin Jack White sur un fond d’Arctic Monkeys survitaminé à la sauce Jazzmaster. Le solo est là, improvisation alléchante au gré du vent.

“Wide at Midnight” s’annonce alors. Reverb à en faire pâlir l’immensité du Grand Canyon. Un titre plus posé, voire inquiétant. Les voix déchirent la tapisserie, la dose d’aigu attaque l’oreille interne. A écouter intensément lors d’un moment calme.

“Gravedweller” reprend la recette corde à vide surf. Rockabilly Pulp Fiction qui s’en détourne rapidement. Le batteur hâche aux petits oignons. La guitare atmosphérique lâche quelques accords suspendus qui rayonnent. Poussière d’étoiles. Le riff principal reste dans les grave, toute fuzz dehors. Larsen. La basse nous refait le coup de Bleach. Dépouillée et orientale.

“Fragile Male” ouvre comme un single. Riff appréciable dès la première note. Les voix sont plus digestes, jeu de caisse claire classique, une vraie mélodie. Que reste-t-il de différent alors? L’énergie, le lâcher prise. Les breaks. L’intelligence dans la composition. Du Arctic sous acide.

Si vos oreilles en ressortent intactes, continuons. “Burn out the Bruise” les achève. La guitare crasseuse arrache l’enduit (après la tapisserie). Guitare et basse hurlent d’une seule voix ce riff rythmique.

“Wire Frame Mattress” développe un son 90s. Silverchair, Nirvana, Smashing Pumpkins. Ce genre de son medium qui ricoche dans une bulle d’eau. Phaser probablement. La barre des 2′ lance la course poursuite en diligence. Vibrato qui frise. Un esprit frais pour un réveil en douceur.

“Beehive Queen”. Flaque de son qui s’écrase. Toujours ce couple Jazzmaster/Fender qui fait plong.

Ballade mélancolique à l’eau de rose. On imagine une plage et une caïpirinha. Une maison dans une prairie ruisselante de Bretagne. Un babyfoot dans un bar fumeux. Un fauteuil club soutenant un cigare. Bref. “Weights and Ties” est une ballade assagie.

“Part Time Model” montre un son clair qui accroche. Le tout semble formaté. Nous en sommes dispensés.

“Summer Again” impose tout de suite sa patte langoureuse dépressive. Perso, quand l’été arrive je vois des fleurs, des coquillages et des crustacés. Nous nageons ici avec les poissons les plus hideux, mérous et autres piranhas. Les cris de goret écorchent ce qu’il reste de corail. Pas un été réjouissant. A écouter sous humeur positive.

“Robe for Juda” réinterprète ces riffs orientaux chers aux groupes. Nous sommes au pied des pyramides d’Egypte. L’aridité du désert est marquée par une batterie asséchée de toms. Un tempo qui ralentit mais qui n’apporte pas de supplément d’âme à ce titre relativement réussi.

“Crying Clown” est un titre mastodonte que la voix parlée guide, de la caresse à la griffure. Il manque une mélodie qui reste en tête et finalement un peu de nuance dans ce monde de sinusoïdale devenue rectangle.

Voilà la fin, étonnamment acoustique. “Track 13” panse les plaies d’un son sombre et aride qui gifle pendant 12 titres. Et c’est cela qui plaît ou déplaît. Une intensité qu’on ne peut nier, un son travaillé enregistré en analogique et sous l’égide de Liam Watson (producteur d’Elephant des White Stripes). Au fait, c’est leur premier album. Et j’en oublie de parler du dernier titre qui – en soit n’apporte rien – mais réconforte pour ensuite continuer son chemin musical de la journée.