9MW – The Rapture

Un email reçu. “Je vous invite à découvrir un groupe”. Merci, déjà. La découverte est sans cesse une quête qui s’annonce délicate mais potentiellement jouissive. Et c’est le cas. Un nouveau regard sur la scène française qui titille tout de suite les cages à miel. Et il faut dire que leurs références ont fait mouche. Sur le papier. Et dans l’oreille. 9MW signifie Nine Million Witches. Souvenez-vous en.

“How Long”. Wow. Tournerie baveuse et riff harmonisé. Un effet de Leslie qui tournoie. Une rengaine John Paul Jones à la basse. Un batteur qui casse des oeufs. Them Crooked Vultures semble rencontrer Royal Blood. Les moments calmes réconcilient. Avant la tempête des 3′. Je mets mon ciré breton pour traverser la tempête.

“The Rapture”. Le bon vieux temps du rock’n’roll. Du hard blues. Triggerfinger. La banane gomine, les chevilles claquent. Give me the 1, 2, 3… les dieux du stade. Un excellent solo de Rockabilly agressif. Les Forbans avaient une recette qui pouvait être cool. Nous n’y pensions pas. Comme quoi il est toujours bon d’y revenir.

“Drop your Gun”. Harmoniques haut perchées. Larsen. Descente inquiétante. Rythme méfiant. Voix qui réclame. Qui gronde. Un dernier souffle. 30 seconds to Mars dans les ténèbres. Un solo de wha-harmonica. Un titre intéressant qui emmène ailleurs encore. D’autres voies s’ouvrent. Je m’y engouffre.

“Monster”. Dans la pure tradition du rock adolescent criant son désarroi. Du Silverchair de notre époque Freaks. Les accords dits de puissance prennent tout leur sens. Une certaine légèreté californienne qui pourrait être la BO du dernier Ghostbuster. On brouille les cartes. Le solo renvoie à l’Angleterre oasienne. Un sifflet dans le fond. Différents messages. C’est un compliment.

“A Wicked Game”. Comment ne pas penser à Them Crooked Vultures, QOTSA et leurs amis Arctic Monkeys ? En même temps, pourquoi bouder notre plaisir de découvrir cette French touch intelligente dans la composition et le traitement du son ? Le travail est difficile, tout tient à la nuance. Le crooner Chris Isaak qui chantait autrefois “Wicked Game”. L’ambiance feutrée d’un fumoir. La chambre Leslie tourne, une réverb éparse épaissit, une mélodie teinte de bémols. Un résumé de ce qu’a fait Alex Turner. Envoûtant.

“Ready for the Night”. Les lampes compressent le crépuscule. Un delay annonce un certain retard. La voix est bienveillante. Metronomy. Un tempo ralentit. Une virée en taxi. Drive. Kavinsky. La cassure des 3´ devient contemplative. Les profondeurs abyssales.

“Soon, they’re Coming”. Les extra-terrestres nous attaquent. Sabre laser. Croisade rythmée pour la survie du monde terrien. Un traitement grandiloquent qui évoque les propositions de Muse. Robotique. Avant le coup de feu final.

“Glass Tears”. J’accroche sur le riff stoner. Les sales débuts des Black Keys. Miam. Mais la suite est gentille. La batterie sautille, les claps retentissent. Les couplets montrent une profonde gentillesse. Façon ballade pour les filles du premier rang. Et c’est bien dommage car c’est le dernier titre de l’album. J’aurais souhaité. Un titre plus alambiqué. Une ouverture surprenante vers la suite. Finir en beauté. Petit bémol personnel.

2 frères complétés d’un bassiste. Un chœur de 3 voix harmonieuses et complémentaires. 1 production compacte qui fait la part belle aux mediums. 9MW est un groupe de chiffres, avec 3 membres et un remplissage du spectre sonore impressionnant. Mais surtout des influences multiples et mixées intelligemment dans un univers personnel. Tout semble possible à nos comparses. Un excellent album normand. Une petite tarte dans la figure. Pas tarte à la crème.

Les trois titres à emporter : A Wicked Game, Ready for the Night, The Rapture.