Cactus – One Way Or Another

Ne pas passer à côté des fantastiques "Big Mama Boogie", "Feel so Bad" et "Song for Aries" !

Une reprise du classic rock Long Tall Sally ouvre ce deuxième album du groupe yankee Cactus. Groupe qui ne fera pas partie du Hall of Fame mais dont les deux premiers albums méritent qu’on s’y attarde un peu.

Un Long Tall Sally déconstruit et coulé dans un moule blues hard rock alangui avant de se reprendre sur un refrain plus festif. Un solo wah-wah (Jim McCarty qui pour l’anecdote fut sacré troisième meilleur guitariste Américain en 1970 par la presse magazine rock) taillé au silex fissure cette vieille carcasse blues de Little Richard. Cactus envoie le plomb sur cette première entrée en matière qui défrise. Entre artillerie estampillée Led Zeppelin et blues sudiste bombant le torse façon Lynyrd Skynyrd.

Sorti en 1971, l’album “One Way or Another” (avec Eddie Kramer en coulisses côté ingénierie son, connu pour son travail avec Hendrix) rivalise avec tous les prédateurs hard rock qui se sont échappé de leur cage depuis la fin des années 60. Led Zeppelin et Deep Purple forment la proue du vaisseau. Côté production, “One Way or Another” est dans son pur jus de l’époque. Tel le boogie à la ZZ Top de Rockout, Whatever You Feel Like. Ringard mais représentatif de son temps avec un solo de shredder sous stéroïdes tenant davantage à la démonstration qu’à la subtilité mélodique et au feeling.

Rock’N’Roll Children est déjà autrement plus intéressant avec les différents mouvements qui sculptent la chanson. Solos geysers. Batterie volcanique. L’interlude en milieu de titre est un exercice à la fois Hendrixien et Zeppelinien. C’est à dire que les groupes de l’époque se livrent une compétition féroce, chacun essayant de taper un peu plus fort sur l’enclume. Après cet intermède tellurique, le shuffle refait surface. La meute est en ville. Rusty Day est un chanteur guttural admirable. Cactus porte les germes des Guns’N’Roses avec quinze ans d’avance.

Big Mama Boogie convoque un shuffle blues tout en acoustique. L’harmonica halète. Sur le fil du rasoir tout en tenant la conversation au chant. Images de champs de coton à perte de vue… D’un rockin’ chair qui tangue… D’une bouteille de bourbon qui brûle sous un ciel incandescent… Une guitare, un harmonica, une voix. Pas davantage. Un retour aux sources, aux fondamentaux du Delta Blues jusqu’à la quatrième minute ou un “boogie man” brise le cadenas. Cactus lâche les chevaux avec un solo de guitare dantesque. Basse et batterie appuient le propos tels des bombardiers. Comme si le groupe ne pouvait se résoudre à faire rugir la bête qui sommeille en lui.

Un riff à la Cream ouvre Feel So Bad. Un titre comme aimaient les tailler des groupes de l’acabit de Big Brother & The Holding Company. Une guitare héroïque. Des chœurs d’outre-tombe. On aurait bien vu Janis Joplin s’époumoner sur ce titre. Moment de grâce lorsque surgit la magnifique Song For Aries laquelle rappelle à quel point l’exercice instrumental est un art à part entière lorsqu’il est maîtrisé. Un morceau solennel et liturgique. Les toms calvacadent dans un désert stellaire. Et les guitares y sont phénoménales. Un air de “Stairway to Heaven” avant l’heure ?

Hometown Bust démarre piano. Genre chanson pour desperados. Puis le plomb. Tempo martial au blues lancinant. Dans la douleur expiatoire un harmonica offre du répit. Puis les guitares abrasives nouent l’intestin. La basse jouée sur une tonalité très très grave ajoute à la gravité du titre. La rythmique du groupe est redoutable. L’un des fleurons blues hard rock de l’époque et totalement sous-estimé en son temps.

One Way or Another est dépassée… Autre époque. Autre style. Qui préfigurait un hard rock fin 70’s/début 80’s de mauvais goût. Dommage de clore le disque sur une composition de cet acabit…

Cactus n’a pas connu la gloire de ses pairs de l’époque. Formés par les ex-Vanilla Fudge Tim Bogert et Carmine Appice, le groupe aura connu une carrière fugace, mais produisant tout de même 4 disques parus chez Atlantic Records entre 1970 et 1972 avant de se séparer après avoir touché le fond question drogues et bagarres. Leur succès d’estime ayant été par ailleurs totalement écrasé par leur pendant britannique de Led Zeppelin qui raflait toute la mise de l’époque avec Deep Purple et Black Sabbath.

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Le Rock me fascine depuis l'écoute du double bleu des Beatles dans la bagnole de mon père... Cette addiction s'est manifestée au sein de plusieurs groupes de rock et désormais à travers ce site érigé comme une sorte de cave à vin du Rock and Roll et ses dérivés. Pour nous-mêmes et à léguer à nos enfants. Péché mignon ? Les 60's et la Pop au sens noble du terme.