Jacco Gardner – Hypnophobia

Les 3 titres incontournables : Grey Lanes, Face to Face, Before the Dawn.

Jacco Gardner est né en 1988 et est hollandais. Ce qui est déjà atypique. Je viens de découvrir avec 1 an de retard cette pépite fortuite. Remontons le temps et balançons titre par titre ce bel album dans nos tympans.

“Another You” démarre et nous pensons à MGMT, Broken Bells. Ce rock atmosphérique qui sait rester péchu et efficace. Tout en édulcorant ses compositions de surprises volatiles.

“Grey Lanes” est un instrumental onirique et féerique, dans la veine de Air. Planant, arpégé, il s’évade vers des contrées finalement distordues pour y trouver tout son sens. Fantastique.

“Brightly” sonne ballade 60s. Une intelligence de composition qui passe tour à tour par mélancolie, douceur de vivre et persistance entêtée. Les refrains équilibrent à merveille cet ensemble en apportant une mélodie simple et facilement décelable.

Amis de Broken Bells, nous sommes tout droit sorti de votre univers avec “Find Yourself”. Nuancé à pas de velours, le titre commence dans l’introspection. Puis le break de 2’08 brouille les pistes en enveloppant le tout d’un voile. Passage nuageux ponctuel, nous en ressortons indemne.

“Face to Face” s’ouvre sur un son feutré de Gibson en son clair. Et une voix reverbée qui ricoche. Et un clavier boîte à musique cotonneux. Intelligemment, le titre décolle avant les 2’00 pour clore en beauté d’une mélodie saupoudrée.

Le charme de l’unplugged. Une guitare non boostée égraine ses gammes sur “Outside Forever”. La basse est fantastique, elle rebondit en se jouant des conventions. On regrettera l’émergence d’une recette qui fait mouche. Peut-être un peu trop téléphonée à ce moment de l’album.

“Before the Dawn” entame un vrai trip, voyage initiatique à faire au casque en altitude de croisière. Tout se bouscule pour ne former qu’un amas de sons parfaitement beaux entre eux. Une histoire de composition harmonieuse et progressive. Hypnotique pendant 8 minutes de bonheur.

“Hypnophobia” renoue avec une certaine idée de l’immensité. Terrestre ou aquatique. Je me sens tout petit, errant entre deux sursauts de basse ronde qui jalonne. 2’49 annonce les robots, le groove électrisant.

Trip personnel autour d’un clavier en sourdine, la voix vocalise avec retenue. “Make me See” marque le début de la fin. Une berceuse modérée pour redescendre en nuances. Les harmonies sont belles quoique classiques. Je qualifierai ce titre d’interlude pour son aspect apaisant et court. Une page se tourne alors.

“All Over” est déjà la fin. J’imagine une platine vinyle tournant inlassablement. Des fauteuils clubs immuables. Le microsillon devient répétitif. La magie opère à 1’10 avec une relance rythmique amusante. Pas de répit. Le point d’orgue sera porté par une flûte et ses comparses dans un joyeux bordel enfantin.

Un excellent album auquel on ne pourrait reprocher qu’une chose, une certaine répétition. Mesurée et subtile, elle me porte ailleurs dans une hypnose psychédélique. Rabâchée sans vergogne, elle peut lasser. Ce qui sauve l’album est l’intelligence de composition, le dosage millimétré de nuance et la facilité d’accès – pourtant. La bonne musique peut aussi plaire instantanément. La répétition ici en impose. Naturellement.