Teri Gender Bender revient avec un 3e opus de sa formation mexicaine Le Butcherettes. Bien entouré d’Iggy Pop (“La Uva”), et John Frusciante (“My Half”) et de son comparse Omar Rodriguez Lopez, l’accalmie sauvage est de mise avec de multiples clins d’oeil à un son plus digéré.
“Shave the Pride” est dans les starting blocks. Du rock classique en powerchords, l’énergie pure qui réveille. Une structure assez basique. Qui a dit “efficace”? Avec ce grain fuzzy qui ajoute un supplément d’âme à notre prêtresse préférée.
“My Mallely” a quelque chose des Smith, déprime mineure, et d’un Muse, ritournelle cosmique moins flatteuse. Le son est puissant, le riff de basse sautille. Teri donne tout avec de beaux passages dans les aigus. Les synthés chantent comme à l’époque révolue des jeux de casse-briques 8 bits. Une certaine fraîcheur contemporaine.
“Reason to die Young” devient plus chaloupé, contretemps posés habilement. Bosnian Rainbows est proche, avec son intelligence de composition. Le mix fait la part belle à la basse qui cartonne. La cymbale gicle, la caisse claire gifle. Et on se paie le luxe d’un solo à la construction classique et moins déjantée que les idées d’Omar. Retombée. Explosion.
“La Uva” campe un décor robotique et futuriste. Les basfonds d’une grande ville hantée. Ça grince. Ambiance louche et grave. Soyons sur nos gardes. Le monde de QOTSA sur Era Vulgaris. La conclusion est un peu sordide.
“Sold Less than Gold” propose une ritournelle fraîche et girly. Nous remontons la pente. Une bonne musique d’accordéon de métro parisien. Le chic en plus.
Un dancefloor glauque toute fuzz dehors. “Stab my Back” impose un beat lent mais lourd. Ondulations sur piste de danse, seduction, cavalerie… Un relent 80s à la Blondie. Girl power. Beau travail de cocottes d’une guitare hypnotique.
Avec “They fuck you over” le message est clair. L’ingé son en a profité : mixage fuzz en couche supérieure, une hymne Nirvanesque (époque Territorial Pissing).. Puis finalement un bon son grunge chanté par les filles. Puis un solo terreux à faire pâlir Dan Auerbach et son Ohio métallique profond.
“Witchless C Spot” ou la lenteur charismatique. Le seul bon point réside dans la descente orientale. Finalement peu de chose.
Un cirque forain. Les otaries sont de sortie, l’orgue de barbarie amuse la galerie. Quelle drôle d’idée ce “Hitch Hiker”.
Atmosphérique, bucolique, technologique et enivrante. Les effets du flou. Un certain temps qui passe différemment. “Lonely & Drunk” se déguste tôt le matin.
Baston de fûts. Une chanson qui parle de shoes est forcément une bonne compo. “Oil the shoe…” c’est du synthé en trop, mais un groove appréciable qui descend bien bas.
Bluesy et sexy. “My Half” ralentit les esprits mais fait rebattre les coeurs. Un accompagnement hendrixien, un titre qui aurait pu passer woodstock sans lasser. Juste profiter des multiples nuances et se laisser chavirer plus loin. Une sortie qui laisse suspendu. En attente de la suite.
Un album qui transporte, féroce et subtil, technique et lâcher prise. Le combo de Teri plante une dague supplémentaire dans la cartographie du Rock, aux confins d’un son retro-disco 80s, fuzzy 70s et électro bosniaque.