1984. La cathodique MTV enquille les clips hollywoodiens à la chaîne. Les enfants se couchent devant “Téléchat”. “Dragon Ball Z” fait son apparition. “Paris Texas” remporte la palme d’or. Le Zénith est inauguré à la Villette. Canal+ s’invite dans les foyers français. “Un autre monde” de Téléphone et “Still loving you” de Scorpions inondent la radio. Police est primé aux MTV awards. Le Top 50 fait son apparition en TV. Marvin Gaye et François Truffaut nous quittent.
L’album “Storm” est la bande son parfait de cette année 1984. Sauf que le disque vient de sortir et nous sommes en 2016.
Quand un Parisien trentenaire rend hommage au rock US 80’s cela donne “Storm”, un album de 8 titres édifiés dans une parfaite cohérence musicale de bout en bout. Les fans de Bruce Springsteen devraient en avoir pour leur argent.
Patrick Clément, de son état civil, livre un disque aux fondamentaux classic rock solides et dont la panoplie d’ingrédients est totalement caractéristique de l’œuvre du Boss. A croire que le bonhomme a outillé en compagnie du père de “Born in the USA” dans chaque studio d’enregistrement où ce dernier ait foulé le sol. La chanson aux accents grandiloquents et enragés Storm en est la parfaite illustration ainsi que l’ouverture Electric Shock. Une production “back to eighties” pour un résultat réussi. Claviers, voix et batterie imbibés d’écho et de réverbe dans le traitement acoustique. Batterie et claviers mis en avant dans le mix afin de donner une puissance maximale à cette “immensité spatiale” qui enveloppe chaque chanson. L’espace est rempli. Voix plus en retrait. Guitares concises faisant le job comme il faut : un gouvernail binaire solide avec un peu de groove et de rocaille dans le moteur pour contraster avec un ensemble plus lisse et léché en terme de production.
Si la patte de Bruce Springsteen est plus qu’indéniable dans l’influence qui coiffe ce disque, d’autres influences rock 80’s abreuvent les compositions. De U2 période “Boy” ou “October” à The Killers et les Kings of Leon (leurs deux derniers disques) pour la scène contemporaine. En passant par Tom Petty et Patti Smith. Refrains pétris de bravoure, plages instrumentales étirées (à l’image de la chanson éponyme Storm) au service d’un décorum rock où flottent en vrac des images fantasmées de Testarossa violettes arpentant l’Ocean Boulevard de “Miami Vice”, des néons rose crépitant dans la nuit déjantée de Vegas, des bas résilles jonchant le bitume, des jolies filles harnachés aux perfectos de leurs mecs…
Mais il est aussi question de flamme et d’amour avec un grand A dans ce disque à l’image de Electric Shock et de ce Tonight porté par une rythmique urgente et livrant certainement la meilleure interprétation vocale du disque ponctuée d’accents intimistes et d’envolées épiques sur les refrains. Quand rock and roll et érotisme se percutent cela donne Storm. Des mots simples (sans doute un peu trop), sans artifices (sans doute pas assez).
Au milieu de ces “love vibrations”, PC se fend d’un hommage voilé et touchant aux attentats du 13 novembre 2015 avec un Sad November mêlant bravoure et rage contenue dans le refrain. On aime aussi cet Obsession totalement décomplexé dans son ADN années 80 avec ces riffs empruntant au hard rock FM et ce refrain crescendo qui vous empoigne pour ne plus vous lâcher.
L’album aurait gagné à avoir deux ou trois solos de guitare pour appuyer les embardées rock héroïques qui l’animent. Et un peu moins de présence côté batterie et claviers afin de diversifier la tonalité des titres dans la durée. En revanche le traitement des guitares est LA grande réussite de cet opus. Jamais bavardes, toujours au service d’un propos capable d’alterner moments de bravoure, tristesse étranglée et incandescence passionnée.
Un bon disque, bien soigné, pour celui qui aime ce rock 80’s né avec MTV. Seule So Good surnage de façon indigeste sur l’ensemble et aurait pu être écartée du disque. chez Rocknrank, nous estimons la valeur d’un travail exécuté par un seul individu. Sur ce disque, PC a tout fabriqué lui-même, avec l’aide d’ingénieurs son en studio. Une maturation longue mais qui est récompensée par la totale cohérence artistique du disque en terme d’atmosphère et de production. Un boulot très propre dans la composition, les arrangements et le mix. Rien n’a été laissé au hasard. Tout a été parfaitement fignolé jusque dans les moindres détails.
Allez, c’est l’heure d’allumer son tuner et de s’engouffrer dans “Miami Vice” pour une nouvelle virée nocturne au son de “Storm”.
Un petit revival Springsteen que l’on entamera en privilégiant les très bons titres que sont “Tonight”, “Sad November” et “Obsession”.
Album en libre écoute ici sur Deezer : http://www.deezer.com/artist/10064482?utm_source=deezer&utm_content=artist-10064482&utm_term=8777627_1459239140&utm_medium=web