Queens of the Stone Age – … Like Clockwork

Les deux titres à écouter d'urgence : "Smooth Sailing", "I Appear Missing"

Un tournant, 6 ans tout de même après Era Vulgaris. Ce dernier aura laissé les fans du stoner de QOTSA dans un état partagé. Robotique et surchargé, le contraste était frappant après les excellents et immédiats Songs for the Deaf ou Lullabies to Paralyse qui les ont fait connaître à grands renforts de singles potentiels.

Et si le groupe de Josh Homme a pris de l’ampleur, depuis le casting est devenu select : outre Dave Grohl (Joey Castillo et Jon Theodore), … Like Clockwork fait participer Elton John, Mark Lanegan, Nick Oliveri, Trent Reznor, Broody Dalle et Alex Turner. Le gratin.

Le tout à grand renfort de buzz: films d’animations-promos déroutants et teasing haletant sur internet. Prometteur ?

Intro inquiétante, bris de verre, basse qui fait le dos rond. Les basfonds d’une ville à la nuit tombée. La voix de Josh Homme se détache comme pour prévenir d’un danger soudain. Et ce sera l’escalade progressive. 3’10 et les choeurs se répètent mixés chacun dans une oreille. Nous sommes encerclés. Pendant ce temps, Troy brode dans le fond.

On passe la seconde, “I Sat by the Ocean”. Tempo plus rapide, guitare slide caractéristique et une certaine efficacité empruntée aux rockeurs californiens. Il fait beau, la piñacolada coule à flot, le potentiel d’un single. Et les codes classiques assagis de QOTSA. Phaser, octaver… Vers l’ultime assaut de 3’23. Le side-project Them Crooked Vultures est lui aussi passé par là.

Introspection et douceur un peu amère. “The Vampyre of Times and Memories” est un joyau du genre. Chanson raffinée, subtilement nuancée et une intro en piano-voix. Josh est transformé. Groove de basse bondissante, guitare mélancolique bendée dans l’aigu. Une batterie qui écoute le reste. Et cet effet d’univers à la MGMT, synthétiseur d’un autre temps qui remplit comme un gong qui résonne.

“If I Had a Tail” conserve un groove, celui du crooner qui entre en piste. Mais pas le titre le plus intéressant de l’album pour autant. Passons.

Retour aux sources avec “My God is the Sun”. Un son plus franc, une batterie qui martèle. Un riff introductif dans les cordes de Troy. Le désert est bien là. Le pickup s’élance en ligne droite pour un voyage furtif. Comme un ultime appel aux fans de la première heure.

“Kalopsia” est un tournant. Une bulle qui s’envole et redescend dans les profondeurs, un saut de dauphin à la surface de l’océan d’abord paisible. Tour à tour rageuse, inquiétante, plombante ou galvanisante, la chanson progresse.

“Fairweather Friends” a le mérite de faire intervenir Sir Elton John au piano. Et j’avoue que l’intérêt ou l’apport d’une telle intervention m’échappe. Si QOTSA cherchait un piano, pourquoi ne pas simplement louer un piano, sans pianiste ? Anyway. Le reste est plutôt plaisant mais pas plus. Un peu comédie musicale d’un stoner qui n’est plus.

En revanche, sortez votre surf, votre grand voile ou vos palmes, nous partons en vacances. “Smooth Sailing” est sur une île délirante où les autochtones sont encore aux radio-cassettes, hochant la tête machinalement pour battre la mesure. Quelque chose de RnB, de Funk, de lourd mais drôle, d’effet de groupe. Chaque instrument répond à l’autre dans une ronde frénétique. Fun.

Et pourtant, nous avons un disparu. “I Appear Missing” est la marin d’eau douce qui manque à l’appel et dérive. Un SOS de clôture lancé au monde qui s’en détourne. Le ton monte. 2’40 et le battement désorganisé l’indique, tout semble perdu… Mais nous nous raccrochons à ce silence qui reprend le dessus.

Quand Josh Homme gagne en maturité et en recul, on en perd forcément en stoner. Malgré tout, … Like Clockwork réussit à alterner ballades atmosphériques, titres efficaces un brin tourmentés jusqu’à des élans groovy plus nouveaux. Une constante néanmoins: quand Josh compose et apporte du rythme, Troy bidouille et agrémente de mélodies secondaires sinueuses. Mais cette fois, le jeu en slide est plus intelligent, savamment orchestré aux détours d’un son déformé. Finalement, l’oeuvre de QOTSA semble cohérente. D’une sortie de désert aux bandes FM. Espérons que les publicitaires n’en soient pas inspirés longtemps.