Temples – Volcano

3 titres dans le pavillon auditif : Certainty, Born into the Sunset, Roman God-Like Man.

Temples nous revient, 3 ans après un “Sun Structures” acclamé. Autoproduit dans leur studio de Kettering, l’album fait la part belle aux effets psychés et à la reverb qui noie. Un certain goût de Tame Impala édulcoré de sauce MGMT. Rien que pour ça, il faut l’écouter.

“Certainty”. Basse graisseuse. Mélodie lactée féerique. La basse semble inoffensive. À écouter de près, tant elle sillonne le titre. La voix est baveuse de reverb. Le refrain l’emporte dans un élan conquérant. La batterie s’esclaffe de cymbales. Le mix fait la part belle au sale. Un titre néanmoins très radiophonique. Jouissif.

“All Join In”. Effets spatiaux. Nous attendons Britney Spears. Très spéciaux. Riff haut perché grandiloquent. Bombardement de kicks. La batterie lourde martèle une cadence rageuse. L’armée intergalactique s’entraîne. Des accords pas très assortis. Des surprises édulcorées jalonnent le titre. Le monde de oui-oui.

“(I Want To Be Your) Mirror”. Flûte enchantée. Prouesse classique. Je tourne la page du conte enfantin. Nappes interstellaires. Rythme essoufflé. Quelques harmonies en arpèges se répondent. La voix devient très gentille. La basse se promène entre deux paroles. Toujours très inspirée, tordant l’apparente simplicité. Le solo déclenche un phaser un peu téléphoné. L’Inde et ses gammes ésotériques rappliquent. Ai-je bien écrit tout cela ? Un bon titre qui évolue entre les mailles d’un filet simpliste.

“Oh The Savior”. Acoustique. De faux airs de pop anglaise. Des intonations Beatles. Puis la grosse caisse écrase. Un titre de fond qui ne gagne pas ses galons d’incontournable. La redondance du riff aigu nous évoque un Kasabian poussif. Aux pays des merveilles.

“Born Into The Sunset”. Quelques breaks frénétiques. Des voix qui apaisent. Un riff des Cardigans sous acide. Soleil couchant au pays du far-west. Un refrain décousu de fil d’or. Une certaine idée du n’importe quoi. J’adhère.

“How Would You Like to Go”. Voyage en apesanteur sans note de tête. Je reste sur ma faim de déglingue. Quand un rien fait tout. Ici, rien du tout.

“Open Air”. La fosse sursaute. Un titre conçu pour le live. L’empressement décérébré. Seul le divertissement compte. Une efficacité saine pour un titre qui s’en sort bien. Musicalement parlant. Un peu redondant à la longue.

“In My Pocket”. Ballade euphorique. Fantôme hantant. Saccade d’un refrain qui s’affranchit d’un hymne. Un usage répété de la post prod noyante. Reste à confirmer comment ce titre sonne en live. Sans son bataillon d’effets.

“Celebration”. Les synthés buzzent. Le son butine les cimes. Une certaine redondance nonchalante qui lasse. L’artillerie lourde effarante laisse place à un ennui progressif.

“Mystery Of Pop”. Plongée obscure dans un monde de machines. Mélodie de piaf (l’oiseau) à l’étage. Une patate au chant. Billy Joël. Uptown Girl. Frénésie. Clair-obscur. Énergie immuno-déprimée. Sur quel pied danser? La rengaine aigüe joue les troubles fêtes. Les claps métalliques bataillent sec. Est-ce un titre gai ? Mélancolique ? Les deux. Ou encore autre chose. Le reflet du flou.

“Roman God-Like Man”. Guerre de planètes. Linéarité chère aux Dandy Warhols. Puis les cassures de l’âme psyché. Un refrain en Fa-Fa-Fa. Psycho Killer. Puis les Beatles dégénérés. Le tournoiement des sitars. Un titre qui défrise.

“Strange Or Be Forgotten”. Groove R’n’B. Nappes constantes. Opéra psyché qui déhanche. La mélodie est bien construite et reste instantanément en tête. Le refrain conduit la navette spatiale dans l’obscurité de l’immense. Un clin d’œil à MGMT. Cosmique.

Le son de Temples évolue. Le psyché devient Pop, accessible à tous. Des références éparses se noient dans le tumulte des effets. Une autoproduction digne d’un film d’animation signé Pixar. Riche. Démesurée. Il me manque du barré vrai.