Découverts par Foxygen (une autre belle référence en la matière), les ados du Lemon Twigs – respectivement 19 et 17 ans (oui vous avez bien lu!) – Brian et Michael d’Addario font partie de ces musiciens multi-instrumentistes d’une nouvelle génération douée. Bardée d’influences vintages qui font le bonheur de nos tympans, ils s’imprègnent et font leur les sources du Rock. Un pont suspendu entre les 60s et le psychédélisme ambiant. Ô temps, suspends ton vol.
La douceur des Kinks. Les chœurs des Beatles. Une joie de vivre apaisante. Des carillons épars. Un piano binaire qui tapote du pied. Un cadre idyllique pour un voyage en métro dans les entrailles obscures de la capitale. Tiens, les Beach Boys. Baby, sugar, love. Tout est dit. “I Wanna Prove to You”. Presque un soir de Noël à la deuxième minute. Les Ronettes. Un opéra doux, aussi. Les débuts du Rock&Roll doux. Nous sommes dans les 50s/60s caressants.
“Those Days is Comin’ Soon”. Un cirque épique. Du Dylan amusant. Un fond de rodéo amerloque ou d’une fête foraine bondée. Ça dégouline de barbe à papa rose bonbon. Et pourtant, c’est bon. Un travail d’orfèvre sur les arrangements. Un mixage qui sent bon la pâte à dents. Toujours rose bonbon.
“Haroomata”. Qui dit introspection dit son de clavecin. Une sorte de retour aux sources classiques. Finalement il s’agit d’expérimentation folle. La machine à bulles s’emballe. Haroomata doit être une nouvelle planète. Dans laquelle il fait bon vivre.
“Baby, Baby”. Un chorus/flanger léger enveloppant. Une basse qui est bien basse. La galerie des glaces s’amuse de sons chelous. Le clavier dévie.
“These Words”. Du groove, du synthétiseur. Du pantalon évasé à fleurs. Et bien non. Rangez tout. Et déguisez vous en Lennon. Lunettes rondes et costume blanc. Une belle ballade chuchotée. Un rythme à la Jackson 5. Un piano western-bar a 2’25. Des percussions exotiques. Mélange de bons genres.
“As Long as We’re Together”. Une lueur dans la nuit. Mélancolie d’un insomniaque. Puis soudain une basse. Un refrain champêtre, des sons d’une modernité rare (Pond, Tame Impala). Une basse embusquée, sournoise, bienveillante. Du Simon & Garfunkel lumineux. Un psychédélisme pop accessible. Un solo extraterrestre. Un retour à la conquête spatiale. Nous en sortons grandis.
“How Lucky am I?”. J’en appelle à ma mémoire. Cette voix. Ce piano. Je vous tiens au courant. Les Bee Gees? Quelques sonorités qui évoquent Elton John? Bah décidez vous.
“Hi+Lo”. Un générique de TV, Jeanne et Serge version 80s. Puis, comme à leur habitude, les Lemon Twigs s’envolent vers d’autres contrées. Un peu redondant.
“Frank” pourrait être la BO d’un mauvais film des 70s. Un récital italien. Les sous doués en vacances. Et pourtant. Michael Jackson semble s’inviter. Ou le chanteur de Puggy. Ou les deux. C’est doux, ça enveloppe l’âme d’un film sirupeux.
“A Great Snake”. Un titre au son plus actuel. Une ballade pop entraînante. On pense à Belle and Sebastian, dans la douceur virevoltante. Un passage instrumental en bord de plage. Metronomy. Puis un décollage à faire pâlir MGMT. Nous prenons l’avion.
L’album de 2016. Que je chronique en 2017. Un train de retard. À l’image des sonorités 50s/60s de cette magnifique galette. Ô combien actuelle, pourtant. L’histoire du Rock. En 43 minutes. Je ne peux pas mieux vous vendre cet album incontournable.