L’internat a du bon. Quand 5 mecs devenus potes sur les bancs de l’école balancent hors des dortoirs une galette-icône Rock des débuts 2000, on remet les Converse, on ressort le perfecto, on laisse pousser ses cheveux gras mais on soigne son look. Oui, le Rock peut être hype & clean. Et c’est leur principal message. Clean en apparences, car un brin excessif pour les américains de l’époque (pochette censurée et “New York City Cops” tronquée suite aux attentats du WTC). Hype dans la forme, mode et contestataire, un bol de fraîcheur juvénile et osée aux faux airs je-m’en-foutiste. Au-delà de l’attitude, la recette des Strokes tombe au bon moment. Exit les Linkin Park, Limp Bizkit, Muse et autres habitués des charts français Rock de l’époque. Place à la simplicité frappante.
Mais cette simplicité a des secrets bien à elle: basse soit bourdonnante soit sautillante (Blur époque “Girls and Boys”), harmonies voix/guitares qui se répondent, solo-riffs mélodiques un peu lo-fi à l’aigu, voix filtrée par la distortion pour plus de distance, accords plaqués un brin reggae-punk (The Clash) ou powerchords qui brodent dans le fond (ah, l’époque Nevermind), batterie métronomique souvent speed. Nick Valensi et Albert Hammond Jr parfaitement complémentaires. C’est fun et dansant. Le quotidien de New-York.
C’est principalement ceci l’attrait des Strokes. Avoir rendu le Rock léger dans la forme mais toujours intact dans le fond et la manière. Cette légèreté qui s’en fout – idéale à l’aube des années 2000 où ce que nous devions écouter était commercial – a permis un accès immédiat aux chansons. Une musique de fond simple en apparences, car répétitive et courte. 36 minutes, 11 titres et c’est plié. Efficace. Pourtant, chaque minute renferme une pépite. Un solo bien écrit, un début francassant, une basse inattendue, un happy ending qui résonne, un Julian nonchalant, des questions-réponses. En guise de réponse, Julian déclarait à Rock and Folk:
“La musique est un long processus. La façon dont une mélodie est affectée par un rythme de batterie, l’interaction de deux guitares, j’ai dédié ma vie à explorer ça.”
Muse faisait dans l’indirect et la grandiloquence. Les Strokes frappent au bon endroit, simplement mais fort. Une porte ouverte à un rock qui se décrasse, revenant aux guitares et à l’immédiateté. Franz Ferdinand, les Libertines, les White Stripes et tout le reste vous en remercient. Une envie folle de sautiller, une mèche qui pulse, le pied qui tape. La bonne recette visuelle d’un rock qui donne envie. Et cela nous suffit.