Thee Oh Sees – Putrifiers II

Les 4 titres à se mettre dans le tympan : Wax Face, Lupine Dominus, Will we be scared?, So nice.

J’étais – il y a fort longtemps – tombé sur une belle critique de Melle Eddie (lechoix.fr) vantant les Thee Oh Sees via leur album Floating Coffin. Je cite : “Le meilleur groupe de rock psychédélique du moment, à mon goût”. Comment ne pas sombrer dans cette poésie garage-psyché? Quelques écoutes plus tard, Ty Segall passant également par là, je reviens sur leur album précédent, Putrifiers II. Un enchantement de compositions réfléchies mais naturelles.

Rodéo maléfique. “My generation” a bien changé. L’ère post apocalyptique commence avec son lot de guerres spatiales. Ici la Terre, nous attaquons. Bataillon rangé d’humanoïdes prêts à en découvre avec un esprit soixante huitard revanchard. Un woodstock sur Pluton. La batterie est mixée en retrait et mérite pourtant toute notre attention. C’est doux mais claquant avec un groove d’impro.

“Hang a Picture” mélange les sons folk psyché d’un Dandy Warhols ou Broken Bells avec une couche atmosphérique supplémentaire. Une certaine fraîcheur pour une balade issue d’une autre dimension.

“So Nice” nous assourdit. Le peuple celte s’exile sur Pluton avec ses instruments moyenâgeux. Du Velvet dedans. Le côté psyché rouillé entêtant.

“Cloud #1”. Un titre instrumental de transition. Maux de tête garantis. Strident. On a perdu tout contact avec le vaisseau.

“Flood’s new Light” reprend les codes classiques des 60s, mix intelligent de Beatles (rythme), des Kinks ou autres Beach Boys (fraîcheur des c(h)oeurs).

“Putrifiers II”. Nous sombrons dans un bourdon de reverb. 4’30 est une rupture. La désolation. Des animaux hybrides, des paysages surréalistes. Un rêve éveillé.

“Will we be scared?” convoque Sainte Janis au pays merveilleux de Kevin Parker. Une basse ronde et généreuse. Un entrain velouté. Une vraie pépite.

“Lupine Dominus”. La fuzz crépite dans ce tourbillon orgiaque. Âmes flou-sensitive s’abstenir. La sonnette d’alarme est tirée. Au feu les pompiers.

Reprenons nos esprits autour d’une balade flutiste et nonchalante “Goodnight Baby”. Brian Jonestown Massacre devrait apprécier. L’entêtement se fait léger, les cordes sautillent, hommage aux contes, à Pierre et le Loup, et le son voilé d’une Rickenbaker lumineuse. Dame nature.

Il faut toujours compter nonchalamment jusqu’à 4 avant de s’élancer. “Wicked Park” est empreint de mélancolie universelle, fièrement mise en musique par les cousins des Beatles dans leur science de composition. Un bel exemple d’assimilation personnelle qui clôture élégamment un dimanche pluvieux, un trajet en métro ou encore un bel album très réussi. Un excellent choix.