Kula Shaker – Pilgrims Process

Un mini chef d'oeuvre : "Peter Pan R.I.P" Trois pépites : "All dressed up", "Only Love" et "Barbara Ella"

Kula Shaker ? Tout le monde a oublié qui était ce groupe d’anglais complètement perchés… Ils avaient matraqué la Britpop de 3 singles accrocheurs en 1996/97 et d’un bon album, le psyché-oriental-rock « K ». Un disque synonyme de profession de foi mystique. Le disque sera n°1 des charts et l’avenir qui s’offre à eux semble radieux !
Mais la mécanique se rouille rapidement et la corde claque, envoyant le groupe au fond du précipice. Un deuxième disque qui met du temps à venir (après avoir saqué Rick Rubin de la production…) et surtout une déclaration controversée de Crispian Mills, le leader, qui clame son amour pour la Svastika, le fameux symbole de nombreuses cultures telles que l’hindouisme (représentation du dieu Ganesh) ou le bouddhisme et détourné funestement par les Nazis… La presse lui tombe dessus, détourne les propos en une tournure pro-nazie et massacre un groupe qu’elle avait encensé la veille. Comme assez souvent hélas chez les médias britanniques, experts en retournement de veste… Kula Shaker ne s’en remettra jamais.

En 2010, Kula Shaker évolue de façon confidentielle dans le rock. Paraît alors ce très bon quatrième disque : « Pilgrims Progress » enregistré en Belgique et produit par le groupe lui-même. Un disque toujours teinté de couleurs psychédéliques et orientales (tablas, sitar et flûtes) mais bien plus subtilement nuancées que lors des précédents disques où cela pouvait parfois frôler l’overdose à l’image de la berceuse ésotérique To wait til I come. Non ici il est question d’harmonies, de respiration, de fleur au fusil et de karma. “May George Harrison be with you”…

Quelques chansons superbes comme le baroque Peter Pan R.I.P et ses violoncelles grinçants qui insufflent un vague à l’âme poignant. Petit chef d’oeuvre. Des ritournelles pop folk sucrées au Summer of Love 68 comme Ophelia et l’entêtante Only Love que n’aurait pas renié The Byrds dans les années 60.

Lorsque le groupe lorgne du côté des 60’s ils livrent un Modern blues au twist endiablé. Giclées d’orgue Hammond, basse hypnotique et vrombissante, attaques furieuses de guitare léchées au phaser… La panoplie d’ingrédients rétro rock est parfaite. C’est ce qu’on aime chez ce groupe qui maîtrise à la perfection ses influences rock 60/70’s.
Un rock d’un autre temps. Type l’incroyable All dressed up et son tempo folk country enlevé façon cavalerie raclant la poussière d’immenses contrées américaines avec du Love dans l’intention… Kula Shaker n’en range pas pour autant leurs Colts sur l’excellente When a brave needs a maid où flûtes, percussions et guitares en piqué brodent une oraison néo-western avec un Sergio Leone lévitant au-dessus de Katmandou…

Si un Figure it out verse dans l’indigeste cosmic rock, heureusement passager, est-ce pour mieux laisser place à la jouissive Barbara Ella ? Ambiance Austin Powers avec le supplément de déhanché soul qui va bien. Il y a du Hendrix dans les effusions de guitare et du Cream dans les oscillations des solos de Crispian Mills. Paolo Nutini en aurait bien fait son quatre heures de cette séduisante chanson.

L’album se clôt sur un Winter’s call assez épique mais pompeux en la matière. Entre passages feutrés et mélancoliques et salves orageuses, ce titre tangue dans un cyclone prog rock cataclysmique, emporté par un mur du son qui n’est pas sans évoquer les déluges de The Wall de Pink Floyd… Appréciable ou non selon l’humeur.
Cet album n’aura pas changé la face du monde rock ni réhabilité Kula Shaker dans le cercle aujourd’hui confidentiel et convenu des formations à succès. En 2015, RocknRank a décidé d’extraire ce disque de son grenier car il contient quelques pépites qui méritent que l’on y prête une attention. Dont acte.

Rien que pour ce Peter Pan R.I.P à tomber par terre dont on vous a déniché une rare version acoustique jouée en radio en Hollande (ci-dessous).

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Le Rock me fascine depuis l'écoute du double bleu des Beatles dans la bagnole de mon père... Cette addiction s'est manifestée au sein de plusieurs groupes de rock et désormais à travers ce site érigé comme une sorte de cave à vin du Rock and Roll et ses dérivés. Pour nous-mêmes et à léguer à nos enfants. Péché mignon ? Les 60's et la Pop au sens noble du terme.