Mac DeMarco – Salad Days

Les trois titres à écouter d'urgence : "Chamber of Reflection", "Blue Boy", "Goodbye Weekend"

Le mec a 24 ans. Jean/casquette, c’est un jeune. Encore un canadien, expatrié à Brooklyn pour plus de coolitude (et de proximité avec son label). Mac DeMarco est armé d’une guitare cheap (30$ l’unité) et de pédales d’effets déglinguées. Il est surtout armé de son flegme au naturel – l’art de la compo lisse mais plus chiadée qu’elle n’en a l’air – qu’il détourne volontiers sur scène jusqu’au grand n’importe quoi.

Slow ambulant déjanté. Subtilement faux et pourtant entraînant, il joue avec les codes d’un univers pop-soupe évolué. Les arrangements et les mélodies sont sublimes, épais et lumineux quand la session rythmique groove, simplement. On se surprendrait à commander une glace sur le sable chaud de Miami. Quelque chose d’un Baxter Dury (distance paresseuse), d’un Metronomy ralenti et chaloupé, de la musique des îles (petites guitares claires qui claironnent et s’arpègent).

“Brother” nous fait voyager dans une bulle à la Pink Floyd (quel son introductif !), l’urgence en moins. Prenons le temps d’apprécier, un nouvel “Out of Time” expérimental. L’influence de Damon Albarn (chant et univers liquoreux) est palpable. Ce qui est plutôt un compliment.

“Let Her Go” nous évoque un Vampire Weekend qui s’éveille de sa sieste, évanescent. Plus posé, moins tribal. Un très bon refrain dans lequel le charley s’ouvre pour mieux propulser du steak. Et pourtant, on continue avec les blue notes d’approximation maîtrisée, une demi-teinte mélancolique appuyée d’un léger chorus. A écouter dans le train retour d’un long week-end sympathique.

S’ouvre alors la deuxième partie de l’album. Va-t-on plonger dans l’ennui ?

“Chamber of Reflection” confirme l’intérêt de cet album. Le noir se fait et la douceur s’empare de nos oreilles. A imaginer en concert, comme un instant suspendu qui peut s’inviter soudain. Le seul artifice étant ce synthétiseur baveux d’une autre époque qui ponctue, comme pour donner un cadre malgré tout. Un chouette voyage élégamment daté.
En clôture, “Jonny’s Odyssey” devient tribal, toujours finement emmené. Cette patte “detuned fantomatique” qui vibre et nous tient. Comme dans un rêve tournoyant. Qui reprend.

La pop semble facile mais elle n’est pas lisse. Mac DeMarco du haut de ses 24 ans a truffé ses compositions d’infimes aspérités, de détournements inattendus, à l’instar de son personnage (lui, excessif). Bande son de bar à cocktail branchouille, l’album peut aussi devenir une pierre importante dans l’œuvre du monsieur. Celle de la reconnaissance?