Queens of the Stone Age – Villains

Bon les mecs. Et les filles. QOTSA revient. Qu’entends-je par-ci ? Que lis-je par-là ? Un album pop qui fait danser ? Les fans de stoner en berne ? Un volet commercial du Rock désertique de Homme et sa bande ? Après 10 écoutes, la galette est consommée. Verdict.

“Feet Don’t Fail Me”. Les égouts désaffectés. Une capitale noctambule. Une belle montée en puissance de fûts réguliers. Hypnotique. Le synthé zigzague. Anarchie organisée. Le break d’intro des 1’40 nous tient en haleine. La guitare sait se faire patienter. La basse chatouille. Ok guys, il faut donc danser. La suite d’un “Sat by The Ocean”, “Smooth Sailing”. On reprend le précédent où on l’avait (dé)laissé ? Groove subaquatique. Un riff simple et efficace qui effleure les notes les plus basses. La production est léchée, Inquiétante, entraînante, planante. Plaisante.

“The Way You Used to Be”. Un riff, un groove. Un vrai single qui fleure bon les recettes connues d’un groupe fertile. Le tempo s’accélère. Les guitares frisent de fuzz. La voix de Josh caresse les nuages. Pas révolutionnaire mais les oreilles chantent. Le pied tape. Du Rock. Des moments d’arpèges cristallins suspendus. Un riff diablotin. Un électrochoc à vivre bientôt en live ?

“Domesticated Animals”. Un titre qui semble composé en acoustique. Rythme de cordes étouffées. Cassures hachées. Homme devient mature, gagnant de la profondeur dans les graves. Des Clap Clap. Du fun. Troy s’amuse toujours autant sur le fil. Le titre devient touffu, une progression de couches noisy formant un amalgame compact mais digeste. Mille-feuille aromatisé. La basse bave à la vitesse de l’escargot.

“Fortress”. Un synthé résonne et pose les bases d’un titre calmement personnel. Le vaisseau s’amarre à la forteresse spatiale. Un traitement Ronson très rond sur la basse qui chatouille les niveaux max. Notre réflexe pavlovien revient. Une linéarité lassante hormis le pont brouillon qui élève le titre. On gagne souvent à être moins propret.

“Head Like a Haunted House”. Reverb rockabilly. Fougue punk. Les Stooges, les sources du rock’n’roll banané, les démons hantés de Troy qui dévisse les cordes aiguës. Le générique de la famille Pierrafeu sous hallucinogène speed. Nous convoquons les ancêtres du Rock pour une écoute attentive. Ont-ils – là-haut – un soundsystem ?

“Un-Reborn Again”. Bulle d’eau mollassonne. Un groove en demi-teinte. L’époque d’Era Vulgaris dans sa plus grande lenteur. Une fausse joie. Une construction lassante. Les cordes orchestrées cautionnent une dose d’originalité.

“Hideaway”. Un son lointain. Les années 80s. Le son des machines vintage. La voix semble adoucie au vocoder légèrement overdrivé. Un crooner posé racontant sa journée. Pas palpipante. Dispensable.

“The Evil has Landed”. Réjouissez-vous. Un son résolument Them Crooked Vultures. On croit entendre John Paul Jones à la basse sautillante. La batterie nous gratifie de breaks spontanés. L’harmonizer se déchaîne. Les cordes de Troy deviennent coupantes, aptes à trancher un gruyère de sons. Le vide est rempli. Et mieux que cela, le vide est plein de belles surprises. Le break des 5’10 fait le pont manquant au stoner des débuts. Un titre-shaker bien foutu, qui permettra au débutant de cerner les frontières élargies de ce groupe mastodonte. Et aux autres de se retrouver.

“Villains of Circumstances”. Le calme traînant d’une bougie d’une chambre d’hôtel. The wild side. Dans laquelle le titre aurait été composé en une nuit de spleen. Une chanson déjà égrainée en live. Une clôture feutrée. Grandiloquence décontractée.

Nos animaux de l’âge de pierre sont effectivement domestiqués. Au goût du jour. Surfant sur les expérimentations aux frontières de leur stoner désertique qui reste pourtant leur signature indélébile et aisément décelable entre mille. L’apport de Ronson est rond, sautillant. Mais les guitares tranchent et restent cyniquement malsaines. Il reste à QOTSA cette créativité sublime. Précise. Et l’Art du son grésillant chic. Et la composition mille-feuilles en couches rythmiques digne d’un dessert de Pierre Hermé. Et la justesse dans le jeu. L’envie de danser en plus.