Royal Blood – Royal Blood

Les deux titres à écouter d'urgence : "Ten Tonne Skeleton", "Careless"

Un duo? Encore? Après The White Stripes, les Black Keys, Arnold & Willy ou encore Blood Red Shoes, Royal Blood s’invite dans la danse. Rock, direct et assez immédiat, l’album se propulse sous l’influence d’un parrainage efficace. Une sombre histoire de t-shirt aperçu sur Matt Helders (batteur des Arctic) arborant fièrement Royal Blood lors de Glastonbury 2013. Le reste fut rapide. Notamment grâce à des premières parties d’ampleur.

Haché menu. Les notes frappent et ils ne sont que deux. L’espace est rempli de basse. L’illusion d’une guitare est parfaite. Le choc sonore m’évoque Muse des débuts à l’époque où l’on parlait encore de Rock. “Out of the Black” a tout du single : claque, efficacité, répétition d’un riff que l’on retient, pont qui laisse entrevoir les contours plus riches du groupe.

“Come on Over” est plus métal dans le traitement. Quelques notes haut perchées pour une basse qui nous réveillent, un souvenir de Rage en plus gentil et adolescent. Une rage ponctuelle, sans doute.

Royal Blood se fait alors cynique avec “Figure it Out”. Le chant discute gentiment avant d’être pris dans le feu d’une montée puissante. Le phrasé se fait quasi-rap, la mélodie est réduite au minimum. Un titre moins accessible, dans la lignée des Beastie Boys là encore en plus hésitant. Il faut faire les méchants quand on ne l’est pas vraiment.

A la lecture du titre m’est apparu Elvis et son “Don’t be cruel”. Plus chaloupé, un peu rockabilly/bluesy comme un retour aux sources qui s’approche du coup des Black Keys/Hanni el Katib. “You can be so Cruel” est en plaisant.

L’intro de “Blood Hands” emprunte directement à l’univers de Band of Skulls. Plus atmosphérique, déclamé en guitare-voix, le titre roule dans un bruit de fond. L’art de jouer – aussi – avec le(s) silence(s). Le pont de 2’15 bouscule tout pour taper les hauteurs du psyché.

Un jeu à la Tom Morello, ce qui est tout de même une belle référence, mais posé à la basse s’il-vous-plaît. On imagine la corne des doigts… Rapide et grave ce “Little Monster” avec en sus un iota de wha-wha faisant revivre Jack White. Efficace. Les tubes amplifiés claironnent sur ce solo des 2’20.

Attention, voici un titre hétéroclite “Loose Change”. La bouillie fuzz n’arrive qu’à 1’35, véritable moment où la chanson démarre. Un peu de punk-qui-s’en-fout. Désinvolture finissant sur un bris de verre.

“Careless” est une synthèse dans laquelle on retrouve les références précédemment notées. Sans doute la chanson ambassadrice du son de Royal Blood. Radiophonique et qui progresse, elle n’enlève rien aux contours intelligemment dosés du groupe.

Mais c’est “Ten Tonne Skeleton” qui va nous faire méchamment hocher de la tête. A apprécier en fosse, glissades de fuzz et whammy réunies. Un lundi matin conquérant dans le métro. Wow.

“Better Stranger” clôture l’album avec sensualité. Du QOTSA de l’ère vulgaire.

Réussir une synthèse n’est pas aisée. De bonnes compos pour un premier album éponyme qui emprunte ça et là des influences détectables. Band of Skulls, Jack White et sa whammy vengeuse, RATM parfois dans ce côté tournerie carrée. Une sorte de Muse sous acide, sans le chant qui déraille. Un son malgré tout reconnaissable d’un duo basse-batterie qui pourtant simule souvent une guitare. Grave. Gras. Urgent.