Ghinzu – Blow

Les trois titres incontournables : Blow, The Dragster Wave, Horse

La scène rock Belge nous surprend depuis quelques années à sortir du très bon, voire de l’excellent son pop rock. Sorti en Février 2004 le second album du groupe Bruxellois Ghinzu ne déroge pas à la règle et nous invite à un voyage vers la capitale du plat Pays.
CD inséré dans mon vieux Yamaha, casque aux oreilles, attardons-nous sur les chansons les plus abouties de Blow.
Et le moins que l’on puisse dire c’est que ça démarre fort ! « Blow » nous ouvre l’album via une intro digne des plus grands. Un bruit, un souffle de violon puis les arpèges lancent la voix de John Stargram qui se fraye difficilement un chemin entre les voluptés de violons et claviers. L’équilibre finit par se créer tout étant sérieusement menacé par une basse lourde et pleine. Le combat s’amorce entre un univers souple et aérien porté par les violons et un autre plus sombre symbolisé par la batterie et la basse. La répétition et l’enchainement de la mélodie finissent par exploser à partir de 4 :12 pour une envolée mêlant guitare saturée, clavier enragé et charleston poussé à bout. Pendant un court instant, la voix reprend ses droits et semble enfin dominer les élans tumultueux des instruments. Mais las ! La bataille reprend ses droits et le rouleau compresseur porté par la saturation et les martèlements de cymbales finit par imposer son tempo et semble empêcher toute nouvelle envolée. C’est sans compter le talent impressionnant du quintette bruxellois puisque c’est avec une véritable symphonie que le morceau se termine. Tout est parfait ! L’accord se crée entre les instruments pour arriver à une conclusion homérique qui nous laisse K.O. Tout Ghinzu est symbolisé sur ce morceau : Des mélodies lancinantes, une véritable inspiration classique, une basse lourde, des envolées impressionnantes et du rock qui tâche. Vivement la suite.
Le deuxième titre de l’album – « Do You Read Me » est celui qui a permis au groupe de percer en France et qui a su attirer l’oreille de nombre de radios. Passé en boucle sur Oui Fm durant l’année de sortie du disque, c’est aussi à mon sens le plus anecdotique de l’album. Certes on retrouve des éléments typiques (voix saturée, frappe lourde), mais le morceau ne reflète en rien l’image du groupe. Bref, je passe mon chemin.
« Jet Sex » et « Copckit Inferno » ne forment finalement qu’un seul morceau. Après un « Do You Read Me » tout en saturation, le piano reprend ses droits. Nous voilà partis pour une danse mélodique qui alterne arpèges clairs, piano et ensemble parfait avant une conclusion abrupte qui nous renvoie mécaniquement vers les limbes « Ghinzunesque ». Martèlement, répétition, voix saturée et conclusion harmonique !
Ahhh « The Dragster Wave » … Où quand Ghinzu tente de laisser de côté la saturation pour la remplacer par un piano. Un conseil : Evitez de l’écouter par humeur maussade – Cela réveillerait de la tristesse chez le cœur le plus insensible. Malgré tout, nos amis Belges nous gratifient encore une fois d’un final de nouveau bluffant.
On retrouve les mêmes sensations dans le 8eme titre de l’album qui reprend les vieilles recettes. « (The Reign Of) » vaut une écoute au casque pour entendre toutes les harmonies cachées sous ce morceau.

Enfin, je finirai ma chronique sur des deux chansons instrumentales de l’album. Une preuve, s’il en fallait une, que la formation ne tourne pas qu’autour de la personnalité déjantée de John Stargram.
La première – « 21St Century Crooners » : Dommage que la SNCF ait eu la mauvaise idée de reprendre ce titre dans une de ses publicités (https://www.youtube.com/watch?v=oSJtPAh0szU). Je n’arrive plus à l’entendre sans avoir en tête un foutu contrôleur ou une annonce de retard de la part de ce magnifique organe d’état. Cependant, le titre vaut encore une fois clairement son écoute. Excellente énergie, équilibre parfait des instruments, tempo agressif et aboutissement parfait.
La seconde – « Horse » : Et une avant-dernière claque pour la route. Avec calme et envolée, le groupe amorce la fin de l’album dans un morceau qui n’a rien à envier au meilleur de Radiohead. La recherche du son parfait pour accompagner une rythmique lourde est claire. Encore une fois, à écouter au casque.
En résumé, nous avons ici un très bon album – mais pas parfait car quelques chansons sont anecdotiques (« Sweet Love »), voire mauvaises – (« Til You Faint ») – bourré d’énergie, de saturation mais également de vrais moments poétiques et harmoniques. Le vrai talent de Ghinzu est clairement la maitrise des temps forts et faibles sur chacun de ses morceaux. C’est finalement « Blow » qui a permis au groupe de percer et de rivaliser avec les porte-étendards de la scène Rock Belge.