Eternité…
Depuis le temps que nous attendions une série sur le Rock and Roll, nous les fans de Rock and Roll… Cette attente fut longue et pénible. D’autant plus longue et pénible à l’heure où le Rock a perdu de sa superbe, où il ne semble avoir plus rien à dire, où le genre a généralement délaissé les radios et les charts mainstream, effacé devant la dance music, le hip hop, la pop FM et j’en passe… Dans cette impasse, l’arrivée de la série “Vinyl” sur les écrans est comme providentielle. Inespérée. Un acte de bravoure comme un ultime testament pour un Rock and Roll qui a vécu plusieurs vies.
Phénix…
Il explose à la face du monde en 1954 avec Elvis dans le sillage et l’appropriation des codes des bluesmen afro américains…
Il atteint son âge d’or en 1967/1968 avec la publication d’un nombre de chefs d’oeuvre inimaginable aujourd’hui…
Puis il opère moult schismes artistiques à la fin des années 60/début 70 et perd une première fois sa domination sur les teenagers au profit du Disco vers 1975…
Devenu obèse et prétentieux (le courant prog-rock, l’avènement du hard rock…), il retrouve, à travers le Punk puis la New Wave au début des années 80, vitalité et mordant en s’affranchissant de tous ses artifices dispendieux…
Les années 80 le rendront vulgaire sous l’emprise des synthés et des boîtes à rythme, dopé aux clips MTV… Caricatural et has been, il s’effacera devant l’arrivée à maturité du hip hop, de l’electro, de la house music… Trois derniers barouds d’honneur, le Grunge, la Britpop et le revival Garage, puis plus rien ou presque…
Redevenu un genre entre guillemets mineur, voire un haut lieu de la résistance musicale (ex: le courant indie folk psychédélique actuel), il était sans doute temps de lui rendre un hommage avec un H majuscule !
Témoigner…
Qui mieux que Mick Jagger et Martin Scorsese pour mener cette mission à bien ?
Oui bien sûr, d’autres pouvaient prétendre au rôle. Mais pour raconter cette formidable épopée qu’est le Rock, il fallait un témoin qui soit en mesure de balayer plus de cinquante années de rock music. Malheureusement en 2016, il ne reste plus beaucoup d’effigies capables de témoigner de toute ce Cirque. Il en reste une bonne poignée parmi les plus icôniques ayant émergé dans les années 60 : McCartney, Dylan, Neil Young, Pete Townsend, Roger Daltrey, Jimmy Page, Robert Plant, Steven Tyler, Ray Davies, Iggy Pop, Marianne Faithfull etc.
Mais qui d’autres que Mick Jagger et Keith Richards pour incarner le Rock dans toute sa splendeur ? Toute sa pysché ? Qui d’autre qu’un Rolling Stone pour narrer aussi bien des décennies de folie depuis 1962, année de la formation du groupe ? Et mieux que Keith Richards ? Le grand Mick Jagger en personne ! Sans aucune constestation possible. Car l’animal, en dehors de l’apparat de rock star ultime, était aussi un formidable business man dès les années 70 quand il prit les commandes du vaisseau Stones. Il connaissait (et connait encore) toutes les ficelles du métier de maison de disque, toutes les combines, magouilles et démesures. Jagger était au coeur du “système”.
Alors quand il s’agit de raconter dans la série “Vinyl” (produite par HBO) l’histoire d’un patron de label US dans les années 60/70, pour Mick Jagger c’est tout simplement du velours. Il connaît chaque facette et revers de la médaille, en tant que musicien et businessman.
Côté focale : Martin Scorsese.
On ne peut plus légitime. Cinéaste hors pair qu’on ne présente plus. Cinéaste hors pair qui connaît le bon vieux Rock and Roll comme sa poche. Et à qui il a rendu de vibrants hommages plus d’une fois. Que ce soit dans les BO de ses films (prenons une scène, juste une scène pour souligner le propos : l’irruption du riff de “Jumpin’ Jack Flash” des Stones dans le film Mean Streets lorsque de Niro rentre dans un bar accompagné de deux créatures new-yorkaises aux bras… une tuerie, un moment de cinéma absolument grandiose en extrait ci-dessous…) ou dans les documentaires consacrés à George Harrison (“Living in the material world”) et Bob Dylan (“No direction home”), aux concerts filmés de The Band (“The last waltz”) et des Stones (“Shine a light”)…
Scorsese & Jagger, Jagger & Scorsese. La paire Rock gagnante. De l’or en barre. Point barre.
To be continued…