Adam Green – Friends of mine

On écoutera en priorité : "Jessica", "The Prince's bed", "Frozen in time" et "Broken joystick"

Publié en 2003 sous l’éminent label Rough Trade Records, le deuxième album solo du new-yorkais Adam Green (également artiste peintre à ses heures perdues) est un petit bijou confidentiel folk underground érigé sur un canevas de 15 chansons acoustiques aux textes morbides, cyniques, potaches, ironiques, sarcastiques et crus. Mais avec finesse et poésie (sans ironie aucune).

On y parle de putains, de défonce, de sexe sale, de faux amis, de quotidien désabusé, d’amourettes foirées, de machisme, de déprime, de célébrité sous prozac,… avec un humour noir désopilant. On pense alors forcément un peu à Lou Reed dans les textes. Avec un côté hilarant en plus… Extraits : “There’s no wrong way to fuck a girl with no legs”, “I wanna die because the government lied”, “Everyone is fuckin’ my princess”, “I wanna choose to die and be buried with the rubick’s cube”…

Adam Green cultive son jardin dans un pré-carré hérité de la scène folk avec un enrobage pop en sus. Une production lo-fi, à savoir minimaliste, adepte de la devise “more is less”. Voix grave et guitare acoustique du plus bel effet avec des arrangements principalement édifiés autour de violons et violoncelles (particulièrement bien agencés). Ici où là traînent une caisse claire, une basse ou un tambourin pour donner un peu de rythme. Et c’est tout. Pas de fioritures. Juste l’essentiel.

Ce dandy déglingué hirsute qui gravite autour de Ben Kweller, Carl Barât (The Libertines) et Julian Casablancas (The Strokes) accouche de chansons pop folk (voire country à la Johnny Cash sur “Salty candy”) courtes et parfaites tant il n’en fallait pas davantage pour résumer le propos (“Bluebirds”, “Bunny ranch”, “Hard to be a girl”) , avec un sens imparable de la mélodie (“Jessica”, “Broken joystick”, “The Prince’s bed”, “Musical ladders”).

Adam Green sait aussi donner dans le registre crooner et mélancolique de Leonard Cohen (“I wanna die”, “We’re not supposed to be lovers”, “Frozen in time”, “Bungee”) mais avec une loufoquerie unique qui lui est propre.

Inconnu en France, quelques succès d’estime aux USA et en Allemagne, ce disque atypique est vivement conseillé car aucune chanson n’est à déplorer. Ce disque ne sonnera jamais daté, tant dans les textes que dans la musique. Et chose trop rare aujourd’hui pour être souligné : aucune chanson ne dépasse les 3 minutes excepté un unique titre (3’09…), des chansons concises comme on savait en faire dans les années 60, où la mélodie prime sur tout le reste et révèle dans un sens… les vrais bons auteur compositeurs…

En définitive, un très bon cru 2003. Et ça vous fera toujours une occasion de vous la raconter en tendant ce disque à vos proches avec un air malicieux et complice : “tiens écoute moi cette petite merveille dénichée au milieu de nulle part et tu m’en diras des nouvelles”…

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Le Rock me fascine depuis l'écoute du double bleu des Beatles dans la bagnole de mon père... Cette addiction s'est manifestée au sein de plusieurs groupes de rock et désormais à travers ce site érigé comme une sorte de cave à vin du Rock and Roll et ses dérivés. Pour nous-mêmes et à léguer à nos enfants. Péché mignon ? Les 60's et la Pop au sens noble du terme.