Culte. Monument de pop électronique française écoulé à plus de 3 millions de galettes depuis sa parution en 1998. Jean-Benoît Dunckel et Nicolas Godin incarnent le duo aux commandes de leur vaisseau interstellaire “Air” (dérivé de l’acronyme Amour, Imagination, Rêve) et livrent un chef d’oeuvre absolu, un rêve étoilé en stéréo, un passeport vers le cosmos. Une oeuvre qui n’a pas pris une ride, intemporelle et qui figure parmi mes disques de chevet depuis déjà plus de quinze ans…
L’écoute de “Moon safari” (titre parfait) est un total trip. L’âme flotte au-dessus de la voie lactée. Sous la férule de David Whitacker à qui les français confient les arrangements des cordes sous la direction de l’orchestre d’Abbey Road (s’il vous plaît), les deux compères propulsent leurs chansons (instrumentales dans l’ensemble) dans une autre dimension à travers un savoureux croisement d’influences aussi diverses que celles de Gainsbourg période “Melody Nelson”, Ennio Morricone (à l’écoute de New star In The Sky qui préfigure en sourdine le futur “The Virgin Suicides”), John Barry (les orchestrations de Talisman) et Pink Floyd pour l’atmosphère space qui habite le disque…
Les Air esquissent leur perles électro pop seventies à l’aide d’une fantastique myriade de claviers et synthétiseurs 70’s : le groupe à l’époque n’avait pas d’argent et ne pouvaient pas se permettre de s’offrir des claviers/synthés plus évolués. Ironie de l’histoire qui fit que ces instruments vintage permirent d’enrober “Moon safari” de ce grain si particulier aux sons veloutés, cristallins et galactiques : Mellotron, Rhodes, Moog, Orgue, Vocoder, Korg,… A cela les Air rajouteront des instruments plus traditionnels qui donneront toute la dimension charnelle et intimiste à l’ensemble : chant, basse, batterie, percussions, tuba, guitares acoustiques,…
Alors on se laisse aspirer par le bucolique La Femme d’Argent, on se laisse bercer par les ritournelles suaves de All I Need et You Make It Easy aux assonances bossa et jazzy. On s’éprend de Ce Matin Là portée par des lignes de basse rondes et des cuivres dignes du meilleur répertoire de Burt Bacharach. A d’autres moments la “Frenchtouch” de Air se fait plus ludique et futuriste à l’image des “vocodorisés” Sexy Boy et Kelly Watch The Stars, véritables orfèvres electro pop aux basses groove et sautillantes. L’odyssée dans laquelle nous transporte Air est d’une infinie beauté. Le Voyage De Pénélope boucle le périple sur un air de jazz de la Nouvelle Orléans happé progressivement par une supernova explosant au firmament…
“1998 odyssée de l’espace” qualifierait ce chef d’oeuvre. Flanqués d’une tenue de cosmonaute, Air nous expédient en apesanteur à travers une constellation sonique où l’on rêve les “yeux grand ouverts”…