Beady Eye – Different gear, still speeding

On écoutera en priorité : "Bring the light", "Four letter words", "Wigwam"

Un album injustement critiqué par les fans d’Oasis en général alors que la presse s’était montrée plus objective et clémente à l’égard de Beady Eye, formation qui rassembla les 4 membres restants d’Oasis après l’explosion sismique du groupe à Rock en Seine en 2009 : Liam Gallagher (chant, composition), Gem Archer (guitare, composition), Andy Bell (guitare, composition) et Chris Sharrock (batterie).  Jeff Wootton les rejoindra à la basse, lui qui avait officié auprès de Gorillaz en tant que lead guitariste en 2010.

Les Beady Eye s’adjugent les services de Steve Lillywhite (producteur de longue date de U2) et dégainent un excellent premier single fin 2010, pressé à 4 000 exemplaires vinyles : “Bring the light”. Sur un boogie piano façon Jerry Lee Lewis, le groupe surfe sur un tempo ultra rapide, nerveux, guidé par 2 choristes au timbre soul sixties et un Liam Gallagher qui va chercher l’inspiration vocale du côté d’Elvis Presley. Titre rétro mais qui n’en demeure pas moins surprenant pour son aspect très “Fifties”. Intéressant. Beady Eye sait que ses détracteurs vont les traiter de pâle copie d’Oasis. Il s’agit donc d’anticiper et casser les préjugés.

Deux autres singles paraissent avant la parution du disque. Le premier est très rock. “Four letter word” attaque en trombe sur un thème musical digne d’une BO de James Bond, cuivres et cordes homériques soutiennent un chant rageur porté par une batterie orageuse et des salves de wah-wah crades. A noter les très bons solos de Gem Archer et Andy Bell. Liam est vocalement en forme. Le titre est presque un retour aux sources des débuts d’Oasis. On aime. Le second single est une ballade pur jus britpop avec un chant très Lennonien (la production mixe la voix avec beaucoup de réverbe et d’écho sur l’ensemble du disque). “The roller” sonne rétro et sixties à souhait. On est en territoire connu. Pas de surprise mais un beau refrain efficace.

L’écoute des 10 autres chansons de l’opus synthétisent, sans grande originalité (mais on s’en fout après tout…tant que ça sonne), les 30/40 dernières années british rock. “Beatles & Stones” est une embardée rock appuyée sur un beat façon “My generation” de The Who.  Le très joli “For anyone” tape dans la ballade acoustique au son Merseybeat (scène pop folk et rock de Liverpool) qui aurait pu être typiquement composée par Lee Marvers de The La’s. La pop rock embrumée, vaporeuse et hallucinogène de The Verve flotte dans l’air sur “Wigwam” (au final psychédélique phénoménal et cinglé) et “The morning son”. Retour aux “Fifties” sur les couplets très Elvis Presley de l’impeccable “Three ring circus”.

Les Rolling Stones période “Exile on main street” frappent à la porte de “Millionaire” et “Wind up dream”. Mais en vain. Les effets bluesy de guitare slide et d’harmonica manquent de conviction et de naturel et ne parviennent pas à sauver le manque d’inspiration sur ces deux chansons. “Standing on the edge of the noise” se veut punk et garage mais l’effet escompté est raté. Mauvaise production, trop d’effets, trop de maquillage pour un ensemble quelque peu lourdingue… “Kill for a dream” s’extirpe de ce ventre mou de milieu d’album en s’appuyant sur une mélodie Beatlesienne téléphonée mais pas désagréable. Des Beatles que l’on retrouvera également sur la ballade pop cuivrée et éthérée de “The beat goes on”. Une des autres réussites de l’opus.

Outre ces 3 titres et demi ratés, l’album est de bonne facture. Une production qui alterne souvent le bon (notamment les guitares et le chant) et parfois le mauvais (notamment le son des claviers qui frise parfois l’abject…) Beady Eye livre un disque assez complet, conventionnel, empruntant à droite à gauche avec bon goût outre quelques sorties de route décriées plus haut. Suivra un deuxième disque plus introspectif, “BE”, en 2013, avant que le groupe ne décide d’arrêter faute de rencontrer le succès escompté.

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Le Rock me fascine depuis l'écoute du double bleu des Beatles dans la bagnole de mon père... Cette addiction s'est manifestée au sein de plusieurs groupes de rock et désormais à travers ce site érigé comme une sorte de cave à vin du Rock and Roll et ses dérivés. Pour nous-mêmes et à léguer à nos enfants. Péché mignon ? Les 60's et la Pop au sens noble du terme.