Pléthorique. L’offre musicale de nos amis australiens est immense. A raison d’un album tous les 6 mois, on peut dire qu’ils battent le fer tant qu’il est tiède. J’en réfère au manque de visibilité sur la scène rock mainstream (peut-être une bonne chose par ailleurs). Car pour le reste, le voyage vaut clairement le détour. Techniquement, conceptuellement, nonchalamment. Cherchez l’erreur. Je ne l’ai pas encore trouvée. Ce Nonagon Infinity démarre sur les chapeaux de roue et philosophiquement est déjà génial (“a never-ending album”). A écouter donc en boucle, il est fait pour.
Cavalcade. Un débarquement de fougue et de sons alambiqués. Parfois à peu près. Génialement approximatifs. Et une fois de plus, l’esprit libère le pied pour taper. Inlassablement. Aux détours d’harmonicas improbables. De surprises en surprises, l’araignée tisse sa toile folle et complexe. C’était “Robot Stop”. Bonjour Paris.
Les King Gizzard nous refont le coup de l’album “I’m in your Mind Fuzz”, enchaînant à tout va les titres sans répit. De digressions fantastiques en rappels mélodiques. Un solo boueux au milieu.
“Gamma Knife” exulte. La guitare hurle, cancane, et dévisse. Les riffs sont simples mais simplement efficaces. Un vrai couplet, un refrain digne de ce nom. Des sons de grenouilles sous acide. Le melting pot magique d’un titre réussi aux faux airs de single radiophonique. Le pont harmonisé des 2’58 est un exemple de virtuosité. Ardemment ponctué d’une batterie de guérilla (enfin, deux pour être précis).
“People/Vultures” nous transporte un peu plus loin. Vers des sonorités plus orientales finalement. Comme une transition vers un paysage apaisé qu’ouvre “Mr.Beat”. Groovy, funky. Baby. Le mois des grandes chaleurs d’août s’annonce. Désaltérés de ce titre, rassasiés de basse et de sursauts à contretemps, nous voilà parés pour affronter les rayonnements célestes.
Mais cela ne vaut qu’un temps. La rafale Rock reprend le dessus. Avec un “Evil Death Roll” démoniaque justement. L’ambiance est compacte. Avant de dévier vers un Bontempi gentil. Cui-cui.
La voix s’harmonise désormais au riff. Machine humaine. “Invisible Face”. Impro jazzy. Latino. Où sommes-nous donc ? Nous attendons patiemment Carlos Santana sortant d’un buisson magique. Mais non, cela s’appelle simplement une respiration.
Faire tout un titre autour de 2 sons n’est pas un exercice aisé. Ben si, ” Wah Wah” le fait. Je propose de lancer un défi planétaire aux King Gizzard. A quand un titre qui jouerait uniquement autour du son “pouet” ? Moins guitaristique mais plus dur. La barre est haute. Sans être ridicule.
Metallica est vivant ? “Road Train” nous balance notre adolescence en pleine poire et semble ouvrir encore vers un univers plus large. Le metal-blague leur sied à merveille. Ces australiens ont décidément su décrypter finement la musique et ses codes. En les revisitant à la sauce technoïde robotique. La suite des 80s est entre vos mains.
Cet album a été élu baston de l’année par un jury spécialisé. Les fûts roucoulent comme des pigeons parisiens. Nombreux et valeureux. Peu fringuants mais bien présents.
Encore une victoire de canard.